Change le monde, une oeuvre à la fois—un projet novateur d'un artiste engagé - New Canadian Media
L'artiste et médiateur culturel Javier Escamilla avec des élèves dans le cadre de la journée de la culture Piliers Verts 2019
Javier Escamilla, fondateur du projet « Change le monde, une œuvre à la fois », travaille dans l’accompagnement d’élèves dans des écoles, de femmes en situation de violence domestique et de toxicomanie, ou de membres des communautés Autochtones. Photo : Courtoisie
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Change le monde, une oeuvre à la fois—un projet novateur d’un artiste engagé

L’exposition « Change le monde, une œuvre à la fois » célèbre sa 11e édition au Musée POP de Trois-Rivières.

Plus d’une cinquantaine d’œuvres d’art sont à l’affiche présentement dans le cadre de l’exposition annuelle « Change le monde, une œuvre à la fois » au Musée POP de Trois-Rivières. Elles ont été sélectionnées parmi plus de 200 travaux artistiques réalisés dans le cadre de l’initiative du Réseau In-Terre-Actif, secteur jeunesse du Comité de Solidarité/Trois-Rivières.

Les artistes dont les œuvres ont été sélectionnées sont des étudiants des écoles secondaires et des adultes impliqués dans des organismes communautaires, parmi les 350 participants qui ont reçu de l’accompagnement de la part de Javier Escamilla, artiste et médiateur culturel, dans le cadre de l’initiative en 2022.

La philosophie artistique de M. Escamilla est ancrée sur l’engagement social, ce qui est reflété dans les œuvres exposées, portant sur des enjeux sociaux, environnementaux et politiques choisis par les artistes participant dans l’initiative. Le projet, lancé en 2011, est l’aboutissement du travail de toute une vie pour M. Escamilla, en faveur de l’utilisation de l’art engagé, plutôt que de la politique, comme outil de changement à long terme.  

« L’art engagé nous permet de nous engager dans notre espace et notre temps », dit celui qui a remporté en 2018 le prix Artiste dans la communauté décerné par le Conseil des arts et des lettres du Québec. 

« Dans l’histoire de l’humanité, l’art a toujours révélé ce qui se passe dans la société actuelle. Mais l’art a aussi un pouvoir unique car il diffère grandement de la politique. En politique, il y a de la démagogie. Dans l’art, il y a l’expression de l’âme », ajoute-t-il.  

L'artiste et médiateur culturel Javier Escamilla
L’artiste et médiateur culturel Javier Escamilla. Originaire de la Colombie, M. Escamilla est arrivé au Canada en 2002 en tant que réfugié politique avec sa femme et ses deux enfants. Photo: Courtoisie

Prendre en main son destin

Originaire de la Colombie, M. Escamilla est arrivé au Canada en 2002 en tant que réfugié politique avec sa femme et ses deux enfants. Avant de quitter son bercail, M. Escamilla habitait à Cali, ville jadis reconnue par l’essor de ses secteurs culturels et sportifs, devenue l’épicentre d’un cartel de drogue. Médiateur culturel mais aussi de conflit, M. Escamilla entame dès lors un travail de « résistance civile non armée » qui le met en contact direct avec la guerre et l’oblige à tout abandonner afin de protéger sa famille. 

Or, quand le médiateur artistique arrive à Trois-Rivières, sa ville d’accueil au Canada, il est confronté à un processus de francisation qui ne semble pas tenir compte de sa longue expérience dans le domaine artistique. On lui offre des possibilités d’emploi dans des supermarchés locaux, mais il refuse de les accepter et de s’inscrire ainsi dans un récit migratoire prescrit. 

Décidé à prendre en main son destin et à poursuivre sa vocation militante et artistique, M. Escamilla découvre le Comité de Solidarité/Trois-Rivières, où il devient accompagnateur des projets de stages internationaux et gestionnaire des projets de vulgarisation scientifique et d’éducation populaire. 

L’art comme « éducation citoyenne »

En 2005, M. Escamilla consolide son parcours artistique en s’inscrivant au baccalauréat en arts plastiques à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Cette formation était la pièce manquante du casse-tête pour ce passionné d’éducation et d’art engagé.

« Quand j’ai obtenu mon diplôme, j’ai décidé de quitter l’espace universitaire pour devenir davantage un artiste dans la communauté », explique-t-il.  

« Même si j’ai mon propre espace de production en tant qu’artiste –dans lequel je travaille sur les thématiques de la conservation, des droits de l’homme et de la critique de la société de consommation–, travailler avec des gens est vital pour moi, c’est indispensable », affirme-t-il.

Son travail communautaire se traduit dans l’accompagnement d’élèves dans des écoles, de femmes en situation de violence domestique et de toxicomanie, ou de membres des communautés Autochtones. « Change le monde, une œuvre à la fois » est un projet « d’éducation citoyenne par l’art et la culture » à travers lequel on « favorise leur démocratisation ».   

Au-delà du professeur d’art qui enseigne des techniques de peinture ou de sculpture aux participants, M. Escamilla assume un rôle de mentor en posant des questions aux nouveaux artistes et les encourageant à trouver leurs propres réponses aux enjeux qui les interpellent à travers leurs œuvres d’art.  

D’après l’artiste médiateur, cela crée une atmosphère de malaise initialement, parce que les participants sont appelés, peut-être pour la première fois, à réfléchir par eux-mêmes. Mais selon lui, c’est ça le travail principal des artistes participant aux ateliers.

« Notre histoire n’est pas écrite »

  Selon M. Escamilla, son passage de réfugié à artiste primé par sa communauté a été marqué par sa forte croyance en la valeur innée de sa perspective et par sa passion pour le militantisme et l’art. 

« J’ai changé de pays, mais je suis toujours le même combattant pour la dignité des droits de la personne, la défense de la nature et la critique du monde de la consommation », dit-il. « En tant que réfugiés, nous devons être proactifs. Nous devons comprendre que notre histoire n’est pas écrite, c’est nous qui l’écrivons », conclut-il. 

Le vernissage de la 11e édition de « Change le monde, une œuvre à la fois » a eu lieu le 12 avril dernier au Musée POP de Trois-Rivières. L’exposition se poursuit jusqu’au 8 mai.

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Andreina-Romero
Andreina Romero

Née au Venezuela, Andreina Romero est journaliste pigiste pour New Canadian Media. Avant d'écrire pour New Canadian Media, Andreina était une collaboratrice bilingue du journal The Source, également connu en français comme La Source, un journal interculturel de Vancouver. Elle est également la créatrice et l'animatrice des podcasts Girls Talk About Music et Wigs and Candles, qui explorent la musique et les films d'époque sous un angle exclusivement féminin et latino-américain. En 2020, Romero a également cofondé Identity Pages, un programme de mentorat d'écriture pour les jeunes.

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